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14 décembre 2009

Bertrand Cluzel

La crise : des subprimes au capitalisme domestiqué

Samedi 15 mars 2008, chute de la banque Bear Stearns. En vingt-quatre heures, dix-sept milliards de dollars disparaissent, il s’agit de la première perte significative liée à la crise des subprimes. Le monde économique et politique prend enfin conscience de la dimension de cette crise mais sans encore imaginer son aspect systémique. Lundi 15 septembre 2008, faillite de la banque Lehman Brothers. C’est selon Alan Greenspan la plus importante banqueroute de l’histoire des États-Unis. La bourse de New York enregistre alors sa plus forte baisse depuis les attentats du 11 septembre. Mercredi 31 décembre 2008, le site l’expansion.com publie un bilan financier de la crise des subprimes sur l’année écoulée : trente mille milliards de dollars (dont vingt cinq mille pour les seules places boursières) soit près de 50 % du PIB mondial ont disparu en fumée. L’aspect systémique de la crise est à l’origine de ce bilan.

Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les mécanismes spécifiques de la crise qui - ajoutée à la globalisation des marchés - expliquent l’ampleur de celle-ci ? Bulle immobilière, spéculation et innovations financières à haut risque, défiance généralisée, absence de coordination des politiques nationales, etc. autant d’éléments qu’il faut prendre en compte et analyser pour comprendre les origines de la crise.

Lundi 29 septembre 2008, le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson présente aux côtés de Ben Bernanke (président de la Réserve fédérale) la version presque définitive d’un plan d’aide à l’économie et plus particulièrement au système bancaire d’un montant de 700 milliards de dollars.

Mercredi 8 octobre 2008, nationalisation partielle des huit principales banques anglaises. Samedi 15 novembre 2008, réunion exceptionnelle du G20 à Washington. Il est question de la refondation des accords de Bretton Woods, d’une manière plus concrète « des nécessaires changements dans les normes mondiales et dans la régulation du système bancaire et financier ». Rendez-vous est pris pour une nouvelle réunion « conclusive » du G20 le 2 avril prochain à Londres.

Jeudi 20 novembre 2008, le Sénat américain adopte un plan spécifique de soutien pour le secteur automobile.

Lundi 24 novembre 2008, le président élu Barack Obama réclame un plan global de relance. Celui-ci sera en définitive de l’ordre de 800 milliards de dollars. Précision supplémentaire le 8 janvier 2009 : 95 % des ménages américains bénéficieront d’une réduction d’impôt de 1 000 dollars.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Faut-il vraiment prendre des hélicoptères et faire tomber sur les États-Unis (et le monde entier) une pluie de dollars selon l’image utilisée par Ben Bernanke ? Pourquoi presque tous les pays du monde mettent-ils en place des plans de soutien et de relance atteignant au total 3 000 milliards de dollars ? Enfin est-il vraiment nécessaire de revoir l’architecture financière internationale et au-delà, la gouvernance économique mondiale ?

La perte de valeur des actifs, la contagion à l’économie réelle, les destructions d’emplois et la récession y compris dans les pays émergents autant de conséquences tangibles de la crise qui se traduit aussi par un retour du Politique et de l’État dans l’économie, la fin de la dérégulation et celle de la croyance dans les capacités du marché. Le paradigme de la « main invisible » est démystifié, commence alors celui d‘un capitalisme « domestiqué ».

Bertrand Cluzel est le directeur de la Revue Politique et Parlementaire

 

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